La DSuper5 fantôme, par le Docteur Danche Dans la maison sur la falaise, sous un crachin qui semblait ne jamais devoir s'arrêter, le Docteur Danche restait seul face à la pochette de microfilms que la mystérieuse visiteuse masquée d'un loup lui avait remis le matin même. Le premier document que le Docteur découvrit était un certificat de conformité Belge, datant de 1980, mentionnant la DS21M numéro de série 4 515 548.
Une série de photos montrait ensuite que la DS21M en question avait survécu, et exhibait encore aujourd'hui ce même numéro sur toutes ses plaques d'identification. La frappe à froid:
La plaque de série Belge:
Cette DSuper5 était manifestement une des tout premières, avec encore un logo de malle avec le 5 détaché du "DSuper", elle avait été immatriculée pour la première fois en Belgique en Août 72. Son numéro de coque: 0034 016098
Et, suite à la demande d'un certificat de naissance de la voiture au conservatoire Citroën, voici quelle avait été la réponse : "Sur le registre de production, à la ligne du numéro de coque, le n° de série n’est pas le même que sur la plaque et la frappe à froid de votre véhicule. Nous ne savons pas si c’est une erreur du préposé à la rédaction à la main des registres ou une modification de la plaque et de la frappe par un tiers. Nous ne pouvons pas délivrer de document dans ce cas-là mais seulement le présent courriel : 0034 016098 = véhicule produit le 21 juillet 1972" Le bon côté des choses, c'était que cette date de production correspondait très bien avec une immatriculation en Août 72.
En termes de séquences de numéros, les numéros de série des DS21M modèle 72 (avec un numéro de coque en 0031) vont jusqu'au numéro 4 514 926 Et au millésime suivant 1973, les DS21M (désormais d'appellation commerciale DSuper5, et avec un numéro de coque en 0034) commencent au numéro 4 516 001.
Le numéro de cette DSuper5, 4 515 548, était donc non seulement en discordance avec les mains courantes mais il tombe donc aussi dans un trou dans les séquences de numéros. Alors, comment expliquer tout ça?
Explication candidate 1: la voiture aurait tapé en 80 (date du certificat de conformité), on lui aurait alors changé sa plate-forme, en lui remettant le numéro de coque 0034 de la voiture, et en utilisant un numéro de série semblant être resté non affecté dans les listes de numéros. -> ça semble à exclure, car la date de première immatriculation est bien restée d'Aout 1972 sur les papiers de la voiture. De plus la logistique de frappe à froid, de plaque de série Belge, de récupération (sans aucune raison) de la plaque de l'ancienne coque, tout cela n'aurait pas de sens. Par ailleurs le fait que le certificat de conformité soit daté de 1980 n'est en réalité pas un indice sérieux: ce type de certificat était indispensable en Belgique pour s'immatriculer, on en a donc juste fait un duplicata en 1980, au moment d'un changement de propriétaire.
Explication candidate 2: c'est bien le bon numéro de série, et ce sont les mains courantes chez Citroën qui sont fausses.
Pourquoi pas? Vient alors la question: pourquoi les mains courantes seraient-elles fausses? On peut proposer une conjecture, que voici.
On est début Juillet 72, et on produit la fin de série de la DS21M. On en produit avec des numéros de série qui continuent la séquence, allant ainsi au delà du 4 514 926 qui sera au final le dernier numéro officiel retenu pour les DS21M millésime 72.
Puis mi-Juillet 72, on se rend à l'évidence, personne ne voudra de ces DS21M qui ne seront plus dans la gamme du millésime à venir, et on décide de vite les transformer en DSuper5. Alors on garde le numéro de série qui avait été affecté, et on lui met une plaque 0034. Avec cette manip de conversion en DSuper5 des dernières DS21M, on est sortis du process industriel dont on avait l'habitude, on est peut-être même sorti du système informatique (naissant): il faudra donc reporter à la main, par liste, toute une série de numéros dans les mains courantes. Et c'est donc lors de ce report qu'une erreur de report sera commise, l'export Belgique n'arrangeant rien.
Bien sûr toute cette théorie est invérifiable... sauf si une deuxième DSuper5 parmi les premières émerge, avec à nouveau un numéro de série mettant encore à genoux le conservatoire Citroën.
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